vendredi 13 septembre 2013

Furyo tu brûles ta jeunesse





Dans les années 60 la Shochiku convoque plusieurs réalisateurs afin de juguler la désertification des salles en produisant alors des films qui s'adresse à un public bien précis : la jeunesse.
Ironiquement ces films de commande s'émanciperont de leur premier but consumériste pour devenir les porte étendards de la Nouvelle Vague japonaise : Nubulu Bagu.
Contes cruels de la jeunesse et L'enterrement du soleil sont deux des films de ce que l'on a appelé la trilogie de la jeunesse de Oshima et qui sont les premiers jalons de cette Nubulu Bagu émancipatrice.
Les héros de Oshima sont de jeunes adolescents qui ont la rage au ventre et partent en guerre contre la société. Certains en intégrant des gangs, d'autres en s'engageant politiquement. L'engagement politique est inhérent à ces films tant on peut les considérer autant comme des "romans" d'apprentissage que comme des films de didactie politique.
A cette époque les idéologies communiste et anarchiste sont alors largement répandues chez la jeunesse japonaise et les scènes de manifestations étudiantes présentes dans Contes cruels de la jeunesse s'en font l'écho. Le rejet de l'américanisation latente est viscéral chez une partie de la jeunesse. Les illusions sont perdues et la reconstruction du pays se fait dans le désenchantement. Comme Fukusaku dans presque chacune de ses incipits Oshima place son histoire dans un Japon qui est le sien, un Japon schizophrène qui enterre lentement ses traditions au profit d'un capitalisme sauvage, d'une soul frelatée, et d'un whisky qui a le goût de l'amertume. Le marché noir prospère, le temps du millet n'est pas si loin et vient avec la faim qui gronde et se tord au creux de l'estomac de chacun. Alors les enragés se révoltent pour finir lentement asphyxiés par la cupidité et la mesquinerie de leurs voisins. Quand à l'amour il ne se révèle que dans la souffrance et ne se vit que dans la révolte.

Contes cruels de la jeunesse, Nagisa Oshima (1960) 
L'enterrement du soleil, Nagisa Oshima (1960) 



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