vendredi 27 septembre 2013

Je n'ai jamais













Je ne suis jamais allé au Japon. Je ne me suis jamais fait bousculer par une foule de salary men. Je n’ai jamais lu le Jump dans le train. Je n’ai jamais deviné le mont Fuji dans la brume du matin. Je n’ai jamais vu une geisha fumer. Je n’ai jamais lu autant de tristesse dans les yeux d’une infirmière. Je n’ai jamais goûté à la solitude douce et amère d’un bol de ramens. Je ne me suis jamais noyé dans un flacon d’urine. Je ne suis jamais allé sur le plateau de tournage d’un porno. Je n’ai jamais attaché personne à la mousse d’un rocher. Je n’ai jamais franchi le pas d’un convenience store. Je n’ai jamais éborgné personne. Je n’ai jamais observé l’écume des vagues se former dans le sillage d’un bateau. Je n’ai jamais senti mon cœur se serrer devant une jambe cassée. J’ai dérivé dans un Japon fantasmé avec Romain Slocombe.

Tokyo Blue, Romain Slocombe, Isthme éditions (2004)

dimanche 22 septembre 2013

1000 year old acid infused blood





Un film mille fois écouté mais jamais regardé. A venir.
Le Frisson des Vampires, Jean Rollin, (1970)
Film sonore par Acanthus.

vendredi 20 septembre 2013

Spleen


The Sinking Belle (Blue Sheep), Altar, Sunn O))) & Boris (2006)

"Tu ne le sais pas encore mais tu es déjà mort."

C'est sur une image de Ken le Survivant que s'ouvre le numéro 2 de la revue Kaboom. J'y apprends que Jacques Sadoul, premier éditeur de Ken pour les éditions J'ai Lu en parle comme d' " une manifestation d'art but". Quand on voit les titres qui ont suivis dont le magistral Jojo's Bizarre Adventure on ne peut s'empêcher d'admirer le don de prescience et le culot qui lui ont fait publier des œuvres difficilement abordables par un public néophyte et même amateur à une époque où le manga était en plus majoritairement perçu comme une apologie de la violence gratuite qui contribuerait à l'effondrement intellectuel de ses lecteurs (à savoir le gamin de dix ans abruti devant le club Dorothée tous les mercredis matins).

Mais le véritable bijou est le dossier central consacré à la mythique revue Garo qui nous repaît d'articles sur des gens qu'on a peu l'habitude de voir autrement que chez Stéphane Blanquet, le Dernier Cri, Imho, Cornélius ou le Lézard Noir : Takashi Nemoto, Suehiro Maruo, Seiichi Hayashi et surtout du maître Sanpei Shirato, première vague de la revue. Rejetant le manga de divertissement, la compromission narrative et l'asservissement à un système éditorial étouffant la revue d'avant garde Garo a permis dans les années 60 et 70 de voir s'épanouir toutes ces belles fleurs à sucs venimeux.

Voici un extrait de l'interview de Yoshihiro Tatsumi à propos du gekiga : " Aujourd'hui presque tous les mangas relèvent du gekiga, le genre s''est fait totalement absorber. Mais lorsque nous avons inventé ce terme, seuls les koma mangas, en quatre ou huit cases, et quelques rares histoires plus longues qui ne dépassaient pas les deux pages, existaient. C'est Osamu Tezuka, le premier, qui a dessiné un récit long au milieu des années 1940. Cette modernisation formelle nous a totalement influencés dans la création du gekiga. Tezuka était presque un dieu pour moi, d'autant plus à l'époque. L'élément de base, entre son story manga et notre gekiga qui s'ensuivit, est donc le même : c'est le format long. Là où le gekiga différait c'était dans son refus de tenir compte du rire, de la chute et du public enfantin. Le gekiga voulait s'adresser aux gens de notre génération et exigeait de l'espace pour développer de véritables descriptions psychologiques sur un certain nombre de cases. En conséquence nos conclusions étaient pessimistes, nos personnages ordinaires et sombres. On s'adressait aux adultes, on évinçait le rire et l'héroïsme, pour nous rapprocher de l'humain, le plus objectivement possible, à travers des histoires longues. (...) Étymologiquement " geki " signifie " théâtre ". Donc le gekiga est théâtral."



Pour finir, je ne peux pas passer sous silence outre ce dossier, la présence au sommaire de sommités comme Naoki Urasawa, Bong Joon-Ho ou encore Takehiko Inoue.



dimanche 15 septembre 2013

La Chienne

suite et fin de citation : " Personne ne connaissait les feux du désir qui faisaient rage dans mon cœur ".

Man crazy, Joyce Carol Oates, éditions Stock (1997)

vendredi 13 septembre 2013

Furyo tu brûles ta jeunesse





Dans les années 60 la Shochiku convoque plusieurs réalisateurs afin de juguler la désertification des salles en produisant alors des films qui s'adresse à un public bien précis : la jeunesse.
Ironiquement ces films de commande s'émanciperont de leur premier but consumériste pour devenir les porte étendards de la Nouvelle Vague japonaise : Nubulu Bagu.
Contes cruels de la jeunesse et L'enterrement du soleil sont deux des films de ce que l'on a appelé la trilogie de la jeunesse de Oshima et qui sont les premiers jalons de cette Nubulu Bagu émancipatrice.
Les héros de Oshima sont de jeunes adolescents qui ont la rage au ventre et partent en guerre contre la société. Certains en intégrant des gangs, d'autres en s'engageant politiquement. L'engagement politique est inhérent à ces films tant on peut les considérer autant comme des "romans" d'apprentissage que comme des films de didactie politique.
A cette époque les idéologies communiste et anarchiste sont alors largement répandues chez la jeunesse japonaise et les scènes de manifestations étudiantes présentes dans Contes cruels de la jeunesse s'en font l'écho. Le rejet de l'américanisation latente est viscéral chez une partie de la jeunesse. Les illusions sont perdues et la reconstruction du pays se fait dans le désenchantement. Comme Fukusaku dans presque chacune de ses incipits Oshima place son histoire dans un Japon qui est le sien, un Japon schizophrène qui enterre lentement ses traditions au profit d'un capitalisme sauvage, d'une soul frelatée, et d'un whisky qui a le goût de l'amertume. Le marché noir prospère, le temps du millet n'est pas si loin et vient avec la faim qui gronde et se tord au creux de l'estomac de chacun. Alors les enragés se révoltent pour finir lentement asphyxiés par la cupidité et la mesquinerie de leurs voisins. Quand à l'amour il ne se révèle que dans la souffrance et ne se vit que dans la révolte.

Contes cruels de la jeunesse, Nagisa Oshima (1960) 
L'enterrement du soleil, Nagisa Oshima (1960) 



vendredi 6 septembre 2013

Keiichi Tanaami

The Bride Stripped Bare by Her Bachelors (1975) 

Sweet Friday (1975) 

Un pote de Warhol mais surtout de Tadanoori Yokoo.
Je convoite ardemment un coffret édité par Chalet Pointu, qui dresse un portrait de Keiichi Tanaami à travers 14 de ses courts-métrages.
Un petit trailer coupe faim :

A voir aussi ses dessins avec un magnifique fanzine co-édité par Nieves et CaRTe bLaNChe


Hot Step Jump, Keiichi Tanaami, Nieves et CaRTe bLaNChe (2011)
A Portrait of Keiichi Tanaami : 14 Films 1975-2009, Keiichi Tanaami, Chalet Pointu


Le Bolero résonne toujours

L'Etrange festival se tient au Forum des Images du 5 septembre au 15 septembre à Paris.
Ici ou les bons conseils sont déjà dispensés.
Pour ma part j'ai couru acheter mes places pour les deux films en programmation de maître Sono, Bad Film tourné entre 1995 et 2012 et son nouveau Why don't you play in hell.
Le premier, décrit comme un Roméo et Juliette lesbien (eh oui !), est un film réalisé avec son collectif Tokyo Gagaga. Son tournage a totalisé plus de 150 heures d'enregistrement éparpillées entre 1995 et 2012. Une  réhabilitation dans les règles.


Si jamais lundi 9 et vendredi 13 septembre vous assistez aux deux projections et que vous entendez des jappements de plaisir ce sera moi alors soyez indulgents.

 

Un peu de fan service.

lundi 2 septembre 2013